Kimahri avait rempli son devoir. Son sourire était de retour, enfin son air serein plutôt. Il ne savait pas vraiment ce que signifiait sourire.
Il avait promis à un mourant d’emmener la petite Yuna à Besaïd. Bien sûr, il lui avait fait peur en arrivant, mais bien vite, ils devinrent complices, et lorsqu’il voulut la laisser sur l’île des Aurochs, elle s’était mise à pleurer. Attendri devant la gamine, Kimahri avait alors décidé de rester avec elle, jusqu’au bout et de la protéger quoiqu’il arrive. C’était devenu le sens de sa vie, ce qui dépassait la honte de sa corne brisée. Et là, en la perdant, il avait vu s’ouvrir une brèche dans son cœur, comme s’il avait échoué à jamais. Les dunes de Sanubia s’étendaient à perte de vue, et l’espoir qui l’avait habité de la retrouver au fond de l’antre des Al Bheds s’était évanoui comme un nuage de fumée. Il n’avait pas expliqué à Tidus, celui-ci n’aurait pas compris, il ne pouvait pas comprendre. Ils étaient montés dans ce vaisseau volant piloté par le punk, et avaient réussi à localiser Yuna. A Bevelle, en train d’épouser ce lâche de Seymour. Kimahri connaissait Yuna, il savait qu’elle voulait l’envoyer dans l’au-delà, que c’était le moyen qu’elle avait trouvé de régler ce problème. Kimahri préférait quand Yuna le laissait régler ces problèmes-là. Il était moins inquiet quand il risquait sa vie, que lorsqu’elle le faisait. Il n’aurait jamais supporté la perdre, même s’il la gardait pendant un pèlerinage dont la fin pourrait se révéler funeste. Son honneur de ronso était en jeu. Aussi lorsqu’il avait fallu slider jusque Bevelle, il s’était jeté sans la moindre hésitation sur la chaîne, son trident pointé sur le misérable guado. Dans les sous-sols de Bevelle, elle avait affronté un invoqueur qui suivait les ordres de Yevon, et ils avaient trouvé une issue. La bataille contre Seymour avait été difficile, Kimahri s’était interposé, pour leur laisser le temps de fuir. Il avait jailli comme un diable de sa boîte et son trident avait transpercé le cœur de cette raclure. On aurait dit qu’il n’avait rien senti. Kimahri devait mourir, son temps était arrivé, mais comme il l’avait fait pour sauver Yuna, cela valait le coup, il n’avait rien à regretter. Tous étaient revenus, ce qui lui avait donné une drôle de sensation. Si au début, il avait pensé qu’ils se trompaient en ne profitant pas de son sacrifice, il devait avouer que cela lui avait fait chaud au cœur qu’ils reviennent pour lui, pour le sauver, qu’elle surtout ne l’abandonne pas. Et ils avaient fini par vaincre le mécréant. Kimahri avait sauvée Yuna. Elle était de retour parmi ses gardiens, même si elle se sentait triste d’avoir vécu tout ça, d’avoir vu sa foi en Yevon trahie par ceux en qui elle avait confiance.
Kimahri avait rempli son devoir. Son sourire était de retour, enfin son air serein plutôt. Il ne savait pas vraiment ce que signifiait sourire. Ses bras croisés, il l’observait de loin. Elle se baignait dans le lac, cherchant à comprendre comment elle avait pu en arriver là. Et lui la surveillait, la protégeait. Il ne laisserait personne lui faire du mal, jamais. La tête haute, il entendit un petit bruit, et vit apparaître Tidus, le petit blondinet qui ne se montrait pas toujours très fûté. Pourtant, Kimahri savait que Yuna l’aimait bien, alors il le laisserait passer. Il ne se priva pas pour autant du regard sévère, celui qui mettait le gamin mal à l’aise. Ca lui apprendrait à se tenir un peu plus correctement, à force, quoique… Tidus le salua d’un signe de la main, et se dirigea vers le lac. Kimahri se demandait ce qu’il voulait exactement, sûrement consoler Yuna. Le ronso ne se sentait pas capable de consoler Yuna, même s’il aurait voulu le faire. Il regarda le blondinet se glisser dans l’eau, d’un œil méfiant. Il trouvait qu’il se rapprochait un peu trop de Yuna, beaucoup trop même. Oh. Kimahri rougissait fort. Heureusement que sa peau bleue et la nuit le cachait, mais là, il ne savait plus trop où se mettre. Il baissa la tête et fit tout pour essayer de regarder ailleurs. Titillant sa corne en sifflotant, il finit même par tourner les talons et quitter le lac. Il semblait que quelqu’un d’autre s’était dévoué pour garder le corps de l’invoqueuse. Et il ne se sentait pas très à l’aise avec ça. Il était même probablement un peu jaloux. Toujours est-il qu’il devait rejoindre les autres, il attendrait Yuna, et il la protègerait jusqu’au bout.
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